Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
fond romantique de la peinture.

ple élévation, ni une prière ou une action de grâces pour une faveur obtenue, mais toute leur vie, comme le chant est la vie du rossignol.

Un caractère qui, en général, dans ces tableaux, distingue les saints ou les adorateurs des pieux membres de l’église chrétienne dans leur vie positive, c’est que les premiers, particulièrement dans les peintures italiennes, montrent dans l’expression de leur piété, une parfaite harmonie de l’extérieur avec l’intérieur. Le sentiment dont l’ame est remplie, remplit aussi toutes les formes et les traits de la personne, qui alors n’expriment rien d’opposé à ce sentiment du cœur, rien même de différent. Or, cette correspondance ne s’offre jamais dans la réalité. Un enfant qui pleure, par exemple, surtout s’il commence à pleurer, indépendamment de ce que nous savons que sa douleur n’est pas sérieuse, nous excite souvent à rire à cause des grimaces qui accompagnent ses larmes. De même, les personnes âgées, lorsqu’elles veulent rire, se décomposent la figure, parce que leurs traits sont trop fixes, trop froids et trop durs pour se prêter à un rire naturel, facile et bienveillant. La peinture doit éviter ce désaccord entre le sentiment et les formes sensibles par lesquelles la piété s’exprime. Elle doit, autant que possible, mettre en harmonie l’intérieur et l’extérieur ; ce que les Italiens ont fait dans la plus parfaite mesure ; les Allemands et les Hollandais moins bien, parce qu’à leurs