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fond romantique de la peinture.

n’est pas cet objet particulier qu’elle doit proprement exprimer. L’essentiel est la certitude d’être exaucé en général et non dans ce qui concerne cet objet particulier ; c’est la confiance absolue que Dieu nous accordera ce qui nous est le plus avantageux. Sous ce rapport, la prière elle-même est la satisfaction, la jouissance, le sentiment et la conscience expresse de l’amour éternel, qui non seulement perce comme rayon de la glorification, à travers les figures et les situations, mais constitue en soi la situation même et le fond de la représentation. Le pape Sixte-Quint, par exemple, dans le tableau de Raphaël qui porte son nom, sainte Barbe, dans le même tableau, nous offrent ce genre d’adoration, lien est de même des innombrables adorations de ce peintre, et des saints en prières, de Saint-François, par exemple, aux pieds de la croix, où, au lieu des angoisses, du trouble et des incertitudes des disciples, l’amour et l’adoration de Dieu, la prière mystique ont été choisis pour sujet. Ce sont particulièrement, dans les anciennes époques de la peinture, des figures ordinairement vénérables, sur lesquelles les années et les souffrances ont laissé des traces profondes, et qui sont exécutées dans le genre des portraits. On voit que ce sont des âmes plongées dans le recueillement ; que chez ces pieux personnages, l’adoration n’est pas l’occupation du moment ; qu’entrés de bonne heure dans la voie de la spiritualité et de la sainteté, toute leur vie, leurs pensées, leurs désirs et leur volonté se résument dans la prière, et