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peinture.

recueillement ; 2o la pénitence et la conversion, qui reproduisent intérieurement et à l’extérieur, la vie du Christ dans la vie humaine ; 3o enfin, la glorification et la sainteté de l’ame purifiée.

En ce qui regarde d’abord le recueillement, son caractère essentiel est l’adoration. Cette situation est d’abord l’humilité, l’abandon de soi, la paix cherchée dans Dieu. C’est ensuite, la prière, non comme supplication, mais comme véritable prière. Entre supplier et prier il y a, en effet, une étroite analogie ; car, la prière peut aussi être une demande. Cependant, ce qui caractérise la demande proprement dite, c’est qu’elle est intéressée. Elle s’adresse à celui qui possède quelque chose qu’il m’est essentiel d’obtenir ; elle a pour but de le rendre favorable, de lui fléchir le cœur, d’exciter son amour et sa sympathie pour moi. Or, ce que je sens dans mes prières, c’est le désir de quelque chose qu’un autre doit perdre afin que je le possède. Lui doit m’aimer afin que mon amour pour moi-même soit satisfait, que mon utilité, mon bien soient accomplis. Moi, au contraire, je ne donne rien, si ce n’est ce que renferme la reconnaissance, savoir le sentiment que celui qui m’accorde est au-dessus de moi. Or, telle n’est point la véritable prière ; elle est une élévation de l’ame vers Dieu, qui est l’amour en soi et pour soi. Elle n’a rien d’intéressé. Le recueillement se suffit à lui-même, et la prière trouve en elle-même sa félicité. Car, bien que la prière puisse se rapporter à quelque chose de déterminé, ce