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fond romantique de la peinture.

pétrifié. Elle n’avait pas seulement l’amour ; l’amour c’est elle-même, et il remplit son ame entière. C’est le sentiment intérieur dans toute son indépendance et sa réalité, qui conserve toujours le fond et l’essence absolue de ce qu’il perd. Aussi la perte de l’objet aimé ne lui enlève pas la paix de l’amour. Son cœur est brisé, mais la substance de son cœur, de son ame, apparaît dans une vitalité qui subsiste à travers ses plus ineffables souffrances. Or, c’est là quelque chose d’infiniment plus élevé. C’est la beauté vivante de l’ame, en opposition avec la beauté abstraite du corps, qui reste inaltérable dans la mort, mais est pétrifiée.

Un dernier sujet qui se rapporte à la Vierge, est sa Mort et son Assomption. La mort de Marie, où elle retrouve le charme de la jeunesse, a été heureusement représentée, particulièrement par Scorel. Ce maître a donné à la Vierge l’expression du somnambulisme, l’immobilité et l’aveuglement de la mort à l’extérieur, tandis que l’esprit qui perce à travers tous les traits, se retrouve d’un autre côte et offre l’image de la félicité.

Au cercle de sujets qui nous montrent Dieu présent dans sa vie réelle, avec sa mère et ses disciples, ses souffrances et sa glorification, s’ajoute maintenant, en troisième lieu, l’humanité, la conscience humaine, qui se fait de Dieu et spécialement des actes de son histoire, l’objet de son amour, et s’attache, non aux choses terrestres mais à ce qui est éternel. Ici s’offrent encore trois côtés qui peuvent être représentés : 1o le