Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
379
fond romantique de la peinture.

à un homme. Au contraire, son rapport avec Joseph a plutôt un caractère fraternel ; et, de la part de Joseph, c’est un sentiment de mystérieux respect, en présence de l’enfant qui est de Dieu et de Marie. Ainsi, l’amour religieux, sous sa forme humaine la plus profonde, ce n’est pas dans le Christ souffrant, ou ressuscité, ou vivant au milieu de ses amis, qu’il s’offre à nos regards ; mais, dans le cœur de la femme, dans Marie. Son ame tout entière, toute son existence, est l’amour humain pour le fils qu’elle nomme son fils. C’est, en même temps, le saint respect, l’adoration, l’amour pour Dieu, avec lequel elle se sent ne faire qu’un. Elle est humble devant Dieu, et cependant elle a le sentiment infini d’être la seule qui ait été bénie entre toutes les femmes. En elfe-même, elle n’est rien, mais dans son fils, dans Dieu, elle est parfaite ; en lui, pauvre dans une étable, ou, reine du ciel, elle est satisfaite et heureuse, sans passion ni désir, sans autre besoin, sans autre but que d’avoir et de conserver ce qu’elle possède.

Or, la représentation de cet amour renferme un vaste champ de sujets religieux. L’Annonciation, la Visitation, la Naissance, la Fuite en Égypte, etc., s’y rattachent ; ensuite, dans le cours plus avancé de la vie du Christ, les disciples et les saintes femmes qui le suivent, et dans lesquels l’amour pour Dieu est plus ou moins un rapport personnel. C’est l’amour pour le Sauveur vivant et présent au milieu d’eux, comme homme réel. Il en est de même de l’a-