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peinture.

qui a enfanté et parlé dans ses bras le Sauveur du monde. Tel est le plus beau sujet auquel se soit élevé l’art chrétien, en général, et principalement la peinture, dans son cercle religieux.

L’amour qui a pour objet Dieu, et en particulier le Christ, qui est assis à la droite de Dieu, est d’une nature toute spirituelle. Son objet n’est visible que pour les yeux de l’ame. Là, il ne s’agit pas de ce dédoublement de soi-même qui caractérise l’amour, ni d’un lien naturel qui unit celui qui aime et l’objet aimé. D’ailleurs, tout autre amour est plus ou moins accidentel. L’inclination eût pu ne pas naître. Ensuite ceux qui s’aiment : les amants, les frères et les sœurs, le père et les enfants, ont, en-dehors de ces rapports, d’autres fins, d’autres devoirs qui les sollicitent. Le père, les frères, doivent se consacrer au monde, à l’État, à l’industrie, à la guerre, en un mot, aux intérêts généraux. La sœur devient épouse et mère, etc. Il en est autrement de l’amour maternel. Ici, en général, l’amour pour l’enfant n’a déjà rien d’accidentel ; ce n’est pas un simple moment, c’est la plus haute destination terrestre de la femme. Son caractère naturel et sa plus sainte vocation se trouvent ici confondus. De plus, si, dans l’amour maternel, chez les autres mères, la mère voit et sent en même temps son époux et son union la plus intime avec lui, ce côté disparaît aussi dans l’amour de Marie pour son enfant. Car le sentiment qu’elle éprouve n’a rien de commun avec l’amour conjugal qui s’adresse