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fond romantique de la peinture.

mais, dans les yeux et le front, ondulent et se balancent comme les vagues et les flots de la douleur de l’ame. Les gouttes de sueur trahissent les tourments intérieurs. En même temps, sur le front, là où la voûte osseuse détermine la forme principale, et précisément dans le point où le nez et le front se réunissent, là enfin où le sens intérieur, la nature spirituelle se concentre et se manifeste, il n’y a qu’un petit nombre de plis de la peau et des muscles, incapables d’ailleurs d’aucune grande contorsion, qui laissent apparaître cette souffrance, à la fois contenue et infiniment concentrée. Je me rappelle, en particulier, une tête, dans la galerie de Schleisheim, pour laquelle le peintre (je crois Guido Reni), (comme d’autres maîtres après lui dans de semblables représentations), a trouvé un coloris tout particulier qui n’appartient pas à la couleur humaine. Ils avaient à représenter la nuit de l’esprit, et ils se créèrent ici une teinte qui répondait supérieurement à cette sombre tempête, à ces nuages noirs qui voilent la face de l’esprit, mais qui sont, en même temps, contenus par le front d’airain de la nature divine.

J’ai déjà indiqué, comme le sujet le plus parfait, l’amour satisfait en soi, dont l’objet n’est pas un être spirituel invisible, mais un objet présent et visible. Nous avons alors l’amour lui-même et son objet sous les yeux. La forme la plus haute, le véritable type de cet amour, c’est l’amour maternel de la Vierge pour le Christ, l’amour de la mère par excellence, de celle