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fond romantique de la peinture.

senté comme enfant, résulte par le fait même, qu’il ne peut montrer déjà clairement tout ce qui est en lui. Ici donc, la peinture a l’incalculable avantage de pouvoir faire reluire, à travers la naïveté et l’innocence de l’enfance, une grandeur et une élévation spirituelles, qui déjà gagnent, en partie, à ce contraste ; tandis que, d’un autre côté, par cela même qu’elles appartiennent à un enfant, on doit y exiger cette profondeur et cette sublimité à un degré infiniment moindre que dans le Christ homme, dans le docteur, le souverain juge de la terre, etc. Ainsi, les Enfants-Jésus de Raphaël, particulièrement celui de la madone Sixtine, à Dresde, sont de la plus belle expression enfantine ; et, cependant, il se révèle en eux quelque chose qui s’élève au-dessus de la simple innocence de l’enfant. Ici, de cette façon, le divin nous apparaît sous cette jeune enveloppe, ainsi que l’extension de cette divinité à une manifestation infinie ; tandis qu’en même temps, la forme enfantine nous explique pourquoi une telle manifestation n’est pas encore parfaite. Dans les madones de Van Eyck, au contraire, l’Enfant-Jésus est toujours ce qu’il y a de moins satisfaisant. C’est un nouveau né, ordinairement avec une attitude raide et d’une forme manquée. On veut voir là un dessein du peintre, quelque chose d’allégorique : s’il n’est pas beau, c’est, dit-on, que la beauté du Christ n’est pas ce que l’on adore, mais le Christ comme tel. Mais une telle considération ne doit pas entrer dans l’art, et les Enfants-