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fond romantique de la peinture.

pouvait être, il reste cependant là, pour notre imagination, quelque chose qui ne nous satisfait pas. Car, ce qui est représenté comme Dieu le père, c’est-à-dire un être à la fois Dieu et homme, c’est uniquement Dieu le fils, le Christ. En lui seulement nous voyons ce moment de l’individualité du Dieu fait homme, comme un moment de la manifestation divine ; et, de plus, celle-ci n’apparaît pas comme une simple forme naïve, créée par l’imagination, ainsi que pour les dieux grecs ; c’est la manifestation même de la divinité, l’événement capital qui contient le sens de l’histoire entière.

L’objet essentiel de l’amour, dans la peinture, sera donc le Christ. Avec lui, l’art entre, en quelque sorte, dans la sphère humaine, qui, d’ailleurs, se développe encore dans un cercle plus étendu : dans la représentation de la Vierge, de Saint-Joseph, de Saint Jean, des disciples, etc., et même du peuple, dont une partie suit le Sauveur, et l’autre l’insulte dans ses souffrances.

Mais ici revient la difficulté, tant de fois signalée, lorsque le Christ, comme cela est arrivé dans les figures en buste analogues aux portraits, doit être saisi et représenté dans ses traits généraux. Je dois avouer que, pour moi du moins, les têtes de Christ que j’ai vues, celles des Carraches, et surtout la célèbre tête de Van Eyck, autrefois dans la collection de Solly, maintenant au Musée de Berlin, et celle de Hemling, chez les frères Boisseréc, aujourd’hui à Munich, ne m’ont