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fond romantique de la peinture.

c’est ce cœur qui existe pour lui-même et qui, pour aimer, doit renoncer à lui-même, faire l’abandon de soi, sacrifier le point dédaigneux de sa personnalité. Ce sacrifice constitue ce qu’il y a de touchant dans l’amour, qui ne vit et ne jouit de lui-même que dans cet abandon. Si donc l’homme, se retrouve dans cet abandon, si dans la perte de son indépendance, il acquiert précisément la jouissance affirmative de lui-même, il n’en est pas moins vrai que, dans la conscience de cette union et de la félicité supérieure qu’elle procure, le côté négatif subsiste toujours ; mais c’est moins le sentiment du sacrifice que celui d’un bonheur non mérité ; il se sent, malgré tout, indépendant et en harmonie avec lui même. Ce qui émeut, c’est le sentiment de la contradiction dialectique, qui consiste à avoir abandonné sa personnalité et à être néanmoins indépendant, contradiction qui s’offre dans l’amour et qui, en lui, est éternellement résolue.

Quant à ce qui concerne la personnalité humaine proprement dite, dans cette harmonie intime, l’amour qui seul rend heureux, qui, en soi, fait goûter le ciel, élève l’ame au-dessus du temporel et de l’individualité du caractère. Déjà les divinités idéales de la sculpture, ainsi que nous l’avons remarqué, se confondent les unes dans les autres ; mais, comme elle ne dont pas complètement dérobées à ce qui fait le fond et le développement de l’existence individuelle, simple et immédiate, cette individualité reste tou-