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fond romantique de la peinture.

chose de passager et d’imparfait, qui porte en soi le défaut inhérent à l’existence temporelle et finie, engage ainsi l’ame à s’élever dans une autre région où elle doit trouver cette paix sans désir, sans aspiration, et goûter les jouissances du véritable amour.

Ce trait constitue l’idéal plein d’ame, de profondeur intime et d’élévation qui, maintenant, apparaît à la place de la grandeur silencieuse et de l’indépendance de l’idéal antique. Aux dieux de l’idéal classique ne manque pas, il est vrai, un certain air de tristesse, l’idée du destin, qui revêt l’apparence d’une froide nécessité dans ces figures sereines. Celles-ci, néanmoins, dans leur divinité indépendante et leur fière liberté, restent sûres de leur grandeur simple et de leur puissance. Mais une pareille liberté n’est pas la liberté de l’amour. Celle-ci est pleine d’ame et de sensibilité, puisqu’elle réside dans le rapport de l’ame à l’ame, de l’esprit à l’esprit. Ce sentiment intime et profond allume au fond du cœur le rayon de la félicité. C’est un amour qui, dans la souffrance et la plus haute privation, ne se sent pas seulement, en quelque sorte, consolé ou indifférent ; plus l’homme souffre profondément, plus profondément aussi il trouve et montre, dans la souffrance, le sentiment et la sécurité de l’amour, la certitude d’un triomphe absolu. Dans les figures idéales des anciens, au contraire, nous ne voyons bien, indépendamment de ce trait de silencieuse tristesse dont nous avons parlé, que l’expression de