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peinture.

combats et de souffrances, mais en est sortie triomphante

Si nous demandons maintenant ce que peut être le véritable idéal dans cet ordre de sujets, c’est la réconciliation de Famé avec Dieu, qui, dans sa manifestation humaine, a lui-même parcouru le chemin de la souffrance. La vraie profondeur du sentiment n’existe que dans la religion, dans la paix intérieure de l’ame qui jouit de soi, mais n’est véritablement satisfaite, qu’au tant qu’elle s’est recueillie en elle-même, a brisé son cœur terrestre, s’est élevée au-dessus de l’existence simplement naturelle et finie, et, dans cette élévation, s’est procuré la satisfaction intime, la paix profonde et l’harmonie en Dieu et avec Dieu. L’ame se veut telle qu’elle est dans son existence particulière, mais elle se veut dans un autre. Elle s’abandonne, par conséquent, en présence de Dieu, mais pour se retrouver et jouir d’elle-même en lui. Tel est le caractère de l’amour. La satisfaction intime, dans sa vérité, c’est l’amour sans désirs, l’amour religieux qui procure à l’esprit l’harmonie, la paix, le bonheur. Ce n’est pas la jouissance et la joie de l’amour qui s’adresse à un objet réel et vivant ; c’est un amour sans passion, que dis-je, sans inclination ; c’est une tendance générale de l’ame, un amour qui est une sorte de mort à la nature. Tout rapport réel, tout lieu terrestre, toute relation de l’homme à l’homme disparaissent comme quelque