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peinture.

traits nettement dessinés, représenter le sentiment intime en général, et cela dans sa particularité, c’est-à-dire, tel que, pour l’exprimer, il faille des événements, des rapports, des situations déterminés. Et encore faut-il que ceux-ci n’apparaissent pas simplement comme explication du caractère individuel, mais que l’originalité de ce dernier s’y montre profondément gravée et implantée dans l’ame et la physionomie mêmes, qu’elle pénètre la forme extérieure tout entière.

Or, pour l’expression du sentiment intime, l’indépendance idéale et l’espèce de grandeur qui caractérisent le classique, ne sont pas nécessaires. Dans l’idéal classique, l’individualité reste dans un accord immédiat avec l’idée qui fait le fond et la base de son existence spirituelle, et en même temps avec la forme sensible ou corporelle qui la manifeste. De même, pour la représentation du sentiment, la sérénité naturelle aux conceptions grecques, la jouissance, la félicité absorbée en soi, ne suffisent pas. Il est nécessaire à la vraie profondeur et à la nature intime de l’esprit que l’ame façonne ses sentiments, ses facultés, toute sa vie intérieure, qu’elle ait surmonté beaucoup d’obstacles, beaucoup lutté et beaucoup souffert, connu les angoisses du cœur et les tortures morales, tout en maintenant son intégrité et en restant fidèle à elle-même. Les anciens nous représentent, il est vrai, aussi, dans le mythe d’Hercule, un héros qui, après plusieurs rudes épreuves, est mis au