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fond romantique de la peinture.

peler à la vie, et, en particulier, que le caractère spécial de l’antiquité ne s’accommode pas facilement au principe de la peinture. Celle-ci, par conséquent, doit donner à ces sujets un caractère tout différent, leur prêter un autre esprit, un mode de sentir et de concevoir les choses tout autre que celui des anciens, afin de mettre le fond de la représentation en harmonie avec les conditions et le but propre de cet art. Aussi, le cercle des sujets et des situations antiques n’est pas celui que la peinture a traité, dans son développement régulier. Au contraire, elle les a abandonnés comme un élément hétérogène qui a besoin d’être essentiellement renouvelé. Car, ainsi que je l’ai déjà fait observer plusieurs fois, le vrai domaine de la peinture c’est ce qu’elle est capable seule de représenter par la forme visible, en opposition avec la sculpture, la musique et la poésie. Or, c’est la concentration de l’esprit en lui-même, et il est refusé à la sculpture de l’exprimer, tandis que la musique, à son tour, ne peut aller jusqu’à la manifestation extérieure du sentiment, et que la poésie, elle-même, ne donne qu’une image imparfaite de la forme sensible. La peinture, au contraire, est en état de réunir les deux côtés. Elle peut exprimer dans la forme corporelle elle-même ce qu’il y a de plus intime dans l’esprit. Elle doit donc s’emparer, comme de son domaine essentiel, des sujets qui à la profondeur et à la richesse du sentiment joignent l’originalité fortement marquée du caractère et s offrent sous des