Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
division.

mieux exprimer l’ame et ses sentiments, réduit les trois dimensions de l’étendue à la surface, celle-ci, quoique matérielle étant plus voisine de l’esprit. Elle représente l’éloignement des objets, leurs distance respective dans l’espace et les figures par l’illusion des couleurs. Car la peinture n’a pas seulement pour but d’offrir aux regards une apparence visible, elle veut que celle-ci concentre en elle-même ses moyens de visibilité, afin qu’elle n’en paraisse que mieux l’image et l’œuvre de l’esprit. Dans la sculpture et l’architecture, les formes sont rendues visibles par la lumière extérieure. Dans la peinture, au contraire, la matière, obscure par elle-même, a en soi son élément interne, son idéal : la lumière ; elle tire d’elle-même sa clarté et son obscurité. Or, l’unité, la combinaison de la lumière et de l’obscur c’est la couleur.

2o La Musique, dans la même sphère, forme une opposition avec la peinture. Son élément propre est l’ame même, le sentiment invisible ou sans former qui ne peut se manifester dans l’extérieur et sa réalité, mais seulement par un phénomène extérieur qui disparaît rapidement et s’efface de lui-même. Par conséquent, l’ame, l’esprit, dans son unité immédiate et sa subjectivité, le cœur humain, la sensation intérieure, constituent le fond même de cet art. Son élément physique est le son, ses modes, ses combinaisons, ses accords, les diverses manières dont les sons se divisent, se lient, s’opposent, forment des