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peinture.

admirable ! Quelle noblesse dans l’expression, quelle hardiesse de dessin ! Tantôt : Comme cela est supérieurement, incomparablement peint ! Ces deux points de vue successifs tiennent à l’essence même de la peinture. Il y a plus, on peut dire qu’ils ne peuvent se trouver réunis au même degré de perfection, et que chacun d’eux est en soi indépendant. Car la peinture n’a pas seulement pour moyen de représentation la couleur, mais aussi la forme comme telle, les formes que peuvent affecter les limites de l’étendue. Dès-lors, par le caractère qui lui est propre, elle tient le milieu entre l’idéal, le plastique et l’extrême opposé : la particularité immédiate du réel. C’est ce qui fait qu’il y a deux espèces de peinture ; l’une idéale, dont l’essence est la généralité ; l’autre, qui représente l’individuel dans ses particularités les plus étroites.

Sous ce rapport, la peinture, comme la sculpture, doit d’abord accueillir la substance des choses y les objets de la croyance religieuse, les grands événements et les grands personnages de l’histoire, bien qu’elle manifeste ce fond substantiel sous la forme de la subjectivité intérieure. Ici, c’est la grandeur, le sérieux de l’action représentée, la profondeur du sentiment exprimé, qui sont le point essentiel. De sorte que le perfectionnement et l’application des procédés artistiques, la richesse de ses effets, l’habileté et la virtuosité, que réclame l’emploi de tous les moyens dont la peinture est capable, ne peuvent obtenir encore tous leurs droits. La puissance d’impres-