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peinture.

des nuances les plus délicates, elle embrasse, sous le rapport de la richesse et des détails, des objets qu’elle doit représenter, le champ le plus vaste. En effet, ce que peut faire ici la simple coloration est incroyable. Deux hommes, par exemple, sont quelque chose d’absolument différent : chacun d’eux, dans sa personne comme dans son organisation, est un tout complet au moral et au physique ; et cependant toutes ces différences sont réduites, dans un tableau, à de simples différences de couleur. Ici finit une couleur, là une autre commence. Par ce seul moyen, la forme, la distance, le jeu des traits du visage, l’expression, ce qu’il y a de plus sensible et de plus spirituel, tout est là sous vos yeux. Et il ne faut pas, ainsi que nous l’avons dit, regarder cette simplification comme un expédient et un défaut, mais, au contraire, comme un trait de supériorité. La peinture n’est pas privée de la troisième dimension, elle la rejette à dessein pour remplacer le simple réel, l’étendue naturelle, par le principe plus élevé et plus riche de la couleur. Maintenant, cette richesse permet aussi à la peinture de reproduire la totalité de l’apparence dans ses représentations. La sculpture est plus ou moins limitée à la représentation de l’individualité fixe concentrée en elle-même. Dans la peinture, au contraire, le personnage ne peut rester enfermé dans des limites aussi étroites, par rapport à lui-même et au monde extérieur. Il entre dans les relations les plus variées. Car d’un côté, ainsi que je l’ai déjà indiqué, il est