Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
son caractère général.

nécessaire qui dépasse la sculpture. Déjà celle-ci n’offrait pas une simple copie de l’existence corporelle, mais une image produite par l’esprit. Aussi, elle écartait de la forme tous les aspects qui, dans la réalité commune, ne répondent pas au fond déterminé qu’il s’agit de représenter. Ceci s’appliquait, dans la sculpture, au côté particulier de la couleur ; de sorte qu’il ne ratait plus que la forme visible, dans son caractère abstrait. Maintenant, dans la peinture, c’est le contraire qui s’offre à nous. Car ce qui fait le fond de ses représentations, c’est le sentiment intérieur, qui ne se manifeste dans les formes du monde extérieur qu’autant qu’il paraît s’en détacher pour se replier sur lui-même. Ainsi, la peinture travaille, il est vrai, aussi pour les yeux, mais toutefois de telle sorte que les objets qu’elle représente ne restent pas des objets, naturels, étendus, réels et complets ; ils deviennent un miroir de l’esprit, où celui-ci ne révèle sa spiritualité qu’en détruisant l’existence réelle, en la transformant en une simple apparence qui est du domaine de l’esprit, et qui s’adresse a l’esprit.

Dès-lors, la peinture doit briser l’étendue totale, et, si elle renonce à cette perfection, ce n’est pas seulement en raison des bornes de la nature humaine. Car, puisque l’objet de la peinture, quant à son étendue, n’est qu’une apparence façonnée par l’art, où se manifeste l’esprit, et qui s’adresse à lui, l’être réel, étendu, perd son indépendance, et il entre