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peinture.

anciens peuvent avoir fait d’excellents portraits. Mais leur manière d’envisager, soit les objets de la nature, soit les états humains ou divins, s’opposait à ce que, dans la peinture, ils pussent arriver à une spiritualisation aussi profonde que celle qui caractérise la peinture chrétienne.

La peinture doit-elle exiger ce mode plus subjectif d’animation ? C’est ce qui résulte des matériaux avec lesquels elle opère. En effet, l’élément sensible dans lequel elle se meut, est la surface et les formes modifiées par les couleurs, et celles-ci doivent transformer les objets en une apparence artistique, mise par l’esprit lui-même à la place de la réalité. Or, il résulte de la nature de ce moyen physique que l’extérieur dans son existence réelle, quoiqu’animé par l’esprit, ne doit plus conserver sa principale importance. Il doit, au contraire, dans sa réalité, précisément, descendre au niveau d’une simple apparence de l’esprit intérieur, qui veut être contemplé en lui-même et pour lui-même comme esprit. Si nous voulons considérer la chose à fond, cet abandon de la forme totale, de la forme plastique, n’a pas d’autre sens. C’est la partie la plus intime de l’esprit qui entreprend de s’exprimer comme telle, dans le reflet des formes extérieures. De même, ensuite, la surface sur laquelle la peinture fait apparaître ses objets conduit déjà, d’elle-même, à établir entre eux des rapports et de la réciprocité.

De son côté, la couleur qui spécialise encore