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son caractère général.

dans quelle variété de formes et de situations ce seul sujet n’a-t-il pas été souvent représenté par les mêmes maîtres et plus encore par différents artistes ? La mère et la vierge pure, la beauté du corps et celle de l’ame, la noblesse et la grâce, tout cela et bien plus encore, s’offre alternativement comme le caractère principal de l’expression. Mais, partout, ce n’est pas par la beauté physique des formes, c’est par l’animation spirituelle, que se révèle la supériorité du talent de l’artiste. C’est aussi ce qui fait l’excellence de la représentation. — Or, maintenant l’art grec, sans doute, a surpassé, de bien loin, l’art égyptien et il s’est aussi donné pour objet l’expression des sentiments de l’ame humaine ; mais le caractère intime et la profondeur du sentiment qui résident dans le mode d’expression de la pensée chrétienne, il n’était pas capable d’y atteindre. Aussi, d’après son caractère général tout entier, on voit qu’il ne cherchait presque nullement ce genre d’animation. Par exemple, le Faune, qui tient dans ses bras le jeune Bacchus, et que j’ai souvent cité a une figure d’une grande douceur et pleine d’amabilité ; de même les nymphes qui soignent l’enfance du jeune Bacchus, situation que représente une petite pierre gemme. Ici, nous avons un sentiment semblable d’amour naïf, sans désir, sans aspiration. Mais, même abstraction faite du sentiment maternel, l’expression n’a, en aucune façon, cette concentration, cette profondeur d’ame que nous rencontrons dans les tableaux chrétiens. Sans doute les