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peinture.

avec le principe de la sculpture qu’avec celui de tout autre art. Mais, dans l’art, le fond spirituel ne se laisse pas séparer du mode de représentation. Si donc nous demandons pourquoi la peinture a été portée, par le fond de l’art romantique, à sa véritable hauteur, c’est parce que le sentiment intime, les félicités et les souffrances de l’ame y étaient plus profonds et réclamaient une plus vive animation spirituelle. Voilà ce qui a ouvert la voie à la plus haute perfection de la peinture et ce qui a rendu cette perfection nécessaire.

Je me contenterai de rappeler, de nouveau, ce que Raoul Rochette dit de l’image d’Isis, qui tient Horus sur ses genoux. Dans sa généralité, le sujet est le même que le sujet chrétien des représentations de la Vierge : une mère avec son fils. Mais la différence de conception et d’exécution est prodigieuse dans l’un et dans l’autre cas. L’Isis égyptienne qui s’offre dans une telle situation, sur les bas-reliefs, n’a rien de maternel, aucune tendresse, aucun trait de l’ame, aucun sentiment ; ce qui ne manque jamais entièrement même aux images raides de la vierge qui appartiennent à l’époque byzantine. Maintenant que n’a pas fait Raphaël ou tout autre maître italien, de la madone et de l’enfant Jésus ? Quelle profondeur de sentiment ! Quelle vie spirituelle ! Quelle richesse intérieure, jointe à l’élévation et à la grâce ! Comme les affections du cœur humain, pénétrées toutefois de l’esprit divin, nous parlent dans chaque trait ! Et