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peinture.

est la raison pour laquelle les œuvres de la sculpture antique nous laissent en partie froids. Nous ne nous arrêtons pas longtemps à ce spectacle ; ou, si nous nous y arrêtons, c’est plutôt pour nous livrer à une étude savante des fines particularités de la forme et de ses détails. On ne doit pas s’en prendre au commun des hommes, s’ils ne montrent pas pour les œuvres élevées de la sculpture, le haut intérêt qu’elles méritent. Car il faut, d’abord, qu’ils apprennent à les apprécier. Ainsi, ou nous n’éprouvons, au premier coup d’œil, aucun attrait, ou le caractère général de l’ensemble se révèle bientôt, et, pour le reste, il faut que nous cherchions ensuite ce qui peut nous offrir encore quelqu’autre intérêt. Mais une jouissance qui ne peut naître que de l’étude, de la réflexion, de l’érudition et d’observations multipliées n’est pas le but immédiat de l’art. Et d’ailleurs, même dans la jouissance artistique que ce genre nous fait goûter, il reste toujours un besoin que ne satisfont pas les ouvrages de la sculpture ancienne ; c’est celui de voir un caractère se développer, passer au mouvement, à l’action extérieure, en même temps que se particulariser dans une détermination sur laquelle l’ame se concentre. Par conséquent, nous sommes plutôt chez nous dans la Peinture. Ici, en effet, pour la première fois, le principe de la personnalité finie et en soi infinie, le principe de notre existence propre et de notre vie, se fraye la voie, et nous contemplons dans ses images ce qui se meut et agit en nous-mêmes.