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INTRODUCTION.

Aussi, sous ce rapport, les premiers ouvrages d’art et les plus anciens, dans tous les arts particuliers, offrent le moins de richesse, pour le fond. Ce sont, dans la poésie, de simples récits, des théogonies, où fermentent des pensées abstraites, exprimées sous une forme imparfaite ; dans la sculpture, quelques saints en pierre et en bois. L’exécution en est uniforme ou confuse, raide et froide. Dans les arts du dessin, en particulier, l’expression de la figure est stupide, immobile, non dans le sens de la profondeur de l’esprit absorbé en lui-même, mais de la stupidité animale ; ou, à l’opposé, elle est d’une vivacité exagérée, les traits étant trop fortement caractérisés. De même, les formes, les mouvements du corps sont inanimés. Les bras, par exemple, sont fixés sur le corps ; les jambes ne sont pas détachées, ou elles sont mal agencées, anguleuses, affectent des mouvements raides. Les figures, de leur côté, sont grossièrement façonnées ; les membres ramassés ou excessivement maigres et allongés. Quant aux accessoires extérieurs, au contraire, tels que l’habillement, la chevelure, les armes et autres ornements, ils sont travaillés avec prédilection et avec beaucoup de soin. Mais les plis du vêtement, par exemple, restent raides et détachés, sans se marier aux formes du corps, comme on peut le voir très-souvent dans les images de la vierge et des saints des premiers temps. Ils sont à la fois rapprochés dans une régularité uniforme, et brisés de plusieurs manières en angles rudes ; au lieu d’être flottants,