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1785, défendait à tous les auteurs de feuilles publiques de publier aucune lettre ou dissertation, de quelque personne que ce soit, sur les matières de législation et de jurisprudence, de même que de s’immiscer à interpréter les lois du royaume.

Le maréchal de Ségur écrivait au censeur du Journal de Paris, le 23 décembre 1786 :


J’ai lu, Monsieur, dans la feuille du Journal de Paris du 22 de ce mois, un article consacré à l’éloge de feu M. le comte de Guibert, gouverneur des Invalides, qui y a été inséré sans mon agrément. Je vous prie de vouloir bien prescrire au rédacteur de ce journal de ne rien imprimer dans ses feuilles, concernant le militaire, sans m’en avoir demandé l’approbation, et surtout de ne jamais se permettre d’imprimer mon nom en bien ou en mal. Vous le préviendrez en même temps que, s’il contrevenait à cette défense, je prendrais les ordres du roi sur sa désobéissance.


Et Suard répondait humblement :


Les propriétaires du Journal de Paris, certainement, ne seront jamais tentés de désobéir à un ministre du roi. Il n’a besoin que de signifier sa volonté sans menacer de la toute-puissance. On n’imprimera plus rien qui touche, de près ou de loin, le département de la guerre, sans avoir l’agrément du ministre. C’est ce que je prie M. de Crosne de vouloir bien assurer à M. le maréchal de Ségur.


Necker, « ne pouvant se départir du parti qu’il avait pris de n’autoriser ni permettre aucun éloge imprimé de son administration », faisait suspendre je ne sais quel journal qui s’était oublié jusqu’à insérer quatre vers en son honneur.