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L’expérience nous a appris que la première forme de notre Censeur hebdomadaire, prise dans toute sa rigueur, ne pouvait plaire généralement. Pour cinq ou six personnes qui se jettent à corps perdu dans les épines de la métaphysique, il y en a mille qu’elle rebute, mille autres qui aiment mieux cueillir les roses des beaux-arts. C’est à la volonté du plus grand nombre qu’un journaliste est obligé de céder. Il y a plus : cette guerre déclarée aux encyclopédistes, vaincus de tous les côtés, sans espoir de rallier jamais leurs forces, a paru inutile à toutes les personnes sensées. Ne vaut-il pas mieux satisfaire la curiosité du public par le prompt extrait d’un livre nouveau que de s’amuser à battre des gens à terre ? Ce n’est pas tout : ces règles sur la littérature, qui commençaient périodiquement chaque cahier, jusqu’au huitième inclusivement, n’ont pas eu le bonheur d’exciter une grande sensation chez nos lecteurs ; nous les avions cependant tirées des meilleures sources ; nous les avions soignées. On sait ces choses-là, disait-on ; des extraits ! des extraits ! Le public est notre maître, le parti le plus sûr est de faire de nouveaux efforts pour le satisfaire.

On a beaucoup crié contre nous de ce que les ouvrages dramatiques étaient exclus de notre journal. C’est s’interdire, a-t-on dit, la plus brillante partie de la littérature.

Voici notre réponse sur ces différents chefs :

1o Nous serons plus réservés sur l’article de la métaphysique.

2o Nous abandonnerons la théologie et la morale de l’Encyclopédie à MM de la Religion vengée. Nous convenons même qu’il y a de très-beaux génies parmi les encyclopédistes ; mais valent-ils mieux que Bossuet, Fénelon, Bourdaloue, Massillon, Cheminais ; que Pascal, Nicole, Arnault, Le Maître, La Bruyère ; que Corneille, Racine, Lafontaine, Despréaux, Rousseau, Le Franc, Gresset ? Valent-ils mieux enfin que l’auteur de l’Ami des hommes ? Ces illustres littérateurs du dernier siècle et du nôtre, remplis d’un saint respect pour les vérités de la foi, sont un bel exemple à proposer et à suivre.

Quelque mérite que nous attribuions ici aux auteurs d’un dictionnaire qui aurait pu faire la gloire de la nation, nous ne pou-