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En daignant t’écraser, je m’avilis peut-être,


dit-il, dans un fragment de satire que je trouve à la suite de la Wasprie ; et il ajoute dans une note à ce vers : « Ceux qui me connaissent savent bien que c’est pour la première fois que j’aurai daigné toucher à cet homme. »

Cependant un an s’est à peine écoulé qu’il revient à la charge contre cet homme, contre « cet avorton littéraire dont l’existence était si plate et si exiguë à tous égards qu’il en devenait presque hors d’atteinte » ; et pour mieux le battre en brèche, il emprunte ses propres armes, et fonde un journal, la Renommée littéraire, malgré « le mépris qu’il a pour ce misérable genre d’écrire. »

La Renommée littéraire, dont le titre était commenté par une vignette que nous expliquerons tout à l’heure, parut vers la fin de 1762. En voici la préface :


Tous ces engagements magnifiques, toutes ces promesses fastueuses par où s’annoncent la plupart des ouvrages périodiques, servent moins à faire des prosélytes que des incrédules. Nous n’userons donc d’aucun de ces petits moyens, grande ressource des charlatans ; c’est à l’exécution, et non à des promesses, de justifier si nos intentions et nos vues étaient saines. Nous ne dirons donc pas que nous jugerons avec impartialité, que nos louanges et nos critiques seront toujours justes, que nos règles seront toujours sûres, et toutes ces autres choses si faciles à dire et si difficiles à exécuter : car, bien que ce soit dans ce dessein que nous ayons entrepris cet ouvrage, c’est au public seul à juger si nous avons réussi.