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mées, quelque auteur anonyme continue à fournir une feuille à Cologne ; l’embarras où il se trouve de la remplir le fait recourir à des conjectures, et le gazetier qui n’a point d’autres nouvelles que les siennes en fait usage dans l’article de Paris, sans s’embarrasser si elles sont sensées ou si elles ne le sont pas[1]. »

Barbier lui-même reconnaît ailleurs l’injustice et les inconvénients de la compression.

« On continue d’inquiéter les nouvellistes dans les cafés et dans les promenades publiques ; on en a même fait mettre à la Bastille. Cela est encore d’une administration puérile. Il est vrai qu’il y a dans Paris beaucoup de gens mal intentionnés, qu’on appelle Autrichiens, qui profitent de la disette des nouvelles pour en annoncer de très-mauvaises pour la France ; mais, ma foi ! quand les nouvelles sont généralement mauvaises et qu’elles sont l’effet de la mauvaise conduite, il n’est pas possible que le bon Français ne se plaigne et qu’il crie victoire !… »

» La véritable cause de toutes les fausses nouvelles qui se débitent provient de ce qu’il n’en transpire aucune. La vivacité de la nation semble exiger qu’au lieu de la vérité le ministère lui en présente au moins l’ombre. Les esprits inquiets profitent de ces moments d’impatience pour ins-

  1. Journal de police sous Louis XV (1742-43), imprimé en 1834 dans la Revue rétrospective de M. Taschereau.