Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/455

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est là d’ailleurs, il faut bien l’avouer, un des côtés faibles du journal, et, s’il arrive que les journalistes s’en préoccupent parfois plus qu’il ne serait à désirer, les gouvernements, en revanche, n’en tiennent pas assez compte dans la part de liberté qu’ils font aux journaux. Quoi qu’il en soit, si les journaux du XVIIIe siècle ne pouvaient avoir les libres allures de ce que nous appellerions la petite presse de l’époque, de cet insaisissable Protée, qui déjouait sous mille formes diverses les poursuites des limiers de la police, il était impossible qu’ils ne participassent pas, un peu plus, un peu moins, au mouvement qui se faisait autour d’eux.


Cependant je le répète, même dans leurs meilleurs jours, ils étaient obligés à une grande circonspection ; ils ne pouvaient, par exemple, donner asile à ces mille petits bruits de la ville et de la cour, à cette chronique scandaleuse, dont les Français, les Parisiens surtout, ont été de tout temps si friands. Et cependant, dit Manuel dans son langage quelque peu abrupt, « un peuple qui veut s’instruire ne se contente pas de la Gazette de France. Que lui importe que le roi ait lavé les pieds à des pauvres qui ne les ont pas sales ; que la reine ait fait ses pâques avec le comte d’Artois ; que Monsieur ait daigné agréer un livre que peut-être il ne lira pas, et que le Parlement en robes ait harangué un dauphin en