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avoir trouvé le moyen, en éludant la loi, d’empêcher son effet dans le pays où il lui paraissait le plus à craindre.

Swinton ne fut point déconcerté par ce contretemps ; pour parer le coup, il imagina de fonder une imprimerie à Boulogne-sur-Mer, et d’y faire imprimer le Courrier qui se publiait à Londres. M. de Vergennes y consentit, à la condition toutefois que la reproduction faite ainsi en France serait soumise à la censure de l’abbé Aubert.

Il ne s’agissait donc plus que d’avoir un rédacteur. Il lui fallait un homme actif, sachant l’anglais, ayant quelque habitude d’écrire, et un peu versé dans la politique. Swinton crut avoir trouvé cet homme dans l’auteur d’un récent écrit qui venait de lui tomber dans les mains, le Testament politique de l’Angleterre. Cet auteur était Brissot, celui-là même qui, dix années plus tard, devait jouer un si grand rôle dans la Révolution française.

Brissot, qui menait à Paris une vie précaire assez peu réglée, las, c’est lui-même qui le dit, de vivre dans le bourbier où ses connaissances l’avaient plongé, accepta avec empressement les propositions que lui fit Swinton. Il devait diriger la réimpression du Courrier à Boulogne, avec tout pouvoir sur l’article variétés, dont le rédacteur principal, qui habitait Londres depuis plusieurs années, ne pouvait être aussi bon juge que lui. C’était, dit-il,