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borieux, exacts, répandus dans les principales villes de l’Europe, et choisis avec une scrupuleuse attention, y répandraient une variété piquante qu’on eût vainement cherchée ailleurs. Mais ce qui surtout le rendrait précieux, c’étaient les extraits fidèles des 53 gazettes qui paraissaient à Londres toutes les semaines : ces productions extraordinaires de la liberté de la presse y seraient appréciées, quelquefois combattues. Il en devait être publié deux numéros par semaine, «  en grand papier, ainsi que les autres gazettes anglaises, caractère fin et serré » au prix de 48 livres pour toute la France, ou 6 sous par nombre ou numéro.

S’il était extraordinaire qu’un étranger allât s’établir en Angleterre pour, de là, divulguer les desseins de l’Angleterre ; il ne dut pas sembler moins étrange qu’un Anglais s’associât à cette publication, et fournît les fonds nécessaires pour l’entreprendre. On prétend, et Voltaire l’a répété dans sa préface de Zaïre, qu’il n’y a point de commerce qui déshonore à Londres. Celui du Courrier de l’Europe pouvait paraître peu patriotique ; mais, en se rappelant que les Hollandais fournirent eux-mêmes aux vainqueurs de Berg-op-Zoom les poudres qui firent prendre cette ville, on pardonnait à un spéculateur d’échanger les secrets de son pays contre l’or d’un pays ennemi : car l’or n’a pas d’ennemis, disait-on sans doute. Cet or d’ailleurs