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dire, d’un avis aux souscripteurs, daté de Londres 1er janvier 1783, dont nous extrairons encore quelques passages. Nous citons beaucoup, mais nous y sommes entraîné comme malgré nous, et nous aimons à penser que nos lecteurs ne s’en plaindront pas.


Les lecteurs qui connaissent les volumes précédents de cet ouvrage peuvent être sûrs que le même esprit dictera ceux qui vont suivre. Si le soin de n’écrire jamais que d’après une intime conviction a pu donner autrefois à ma plume quelque énergie, on la retrouvera ici tout entière ; on y retrouvera de même la franchise, l’impartialité, dont j’ai tant de fois été la victime, et qui, heureusement, ne peuvent plus me devenir funestes.

Dans la fosse aux lions de la moderne Babylone, inaccessible même aux messagers célestes et aux consolations qui pénétraient quelquefois dans celle de l’ancienne, on a pu affliger mon cœur par toutes les espèces de privations, on a pu le déchirer par toutes les espèces de douleurs, on a pu compromettre ma vie par toutes les espèces d’attentats ; on n’a pas pu dégrader mon âme. Mes forces sont diminuées ; mon courage, mon amour pour la vérité, ne le sont pas.

Les Annales n’éprouveront donc, quant au fond, d’autre changement que celui qu’y peut opérer d’un côté une plus parfaite indépendance, et de l’autre une plus grande maturité dans l’auteur. Deux ans d’une solitude aussi cruelle que profonde ont changé mes idées sur bien des objets ; ils les ont confirmées sur d’autres je me rétracterai sans honte, comme je persisterai sans obstination.

Par exemple, j’aurai certainement à me réformer en plusieurs points sur ce que j’ai pensé jusqu’ici de la constitution anglaise. Mon retour dans l’île qu’elle vivifie en est déja une réparation bien authentique. Une discussion approfondie achèvera de justifier l’hommage que je lui rends. Je ne crains pas que les appréciateurs éclairés trouvent de la contradiction entre mes éloges