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jeune Cyrus. Mais ce qui me donne les plus grandes espérances, c’est que M. Linguet a les outils universels avec lesquels on fait tout ce qu’on veut, le courage et l’éloquence. Je lui souhaite autant de succès qu’il a de mérite. Vous savez que, selon La Fontaine,

Tout faiseur de journal doit tribut au malin.

Il serait beau qu’il ne crût jamais avoir besoin de cette ressource ; et, en effet, il est trop au-dessus d’elle. Je ne vous reverrai plus ni l’un ni l’autre : mon grand âge et mes maladies continuelles ouvrent mon tombeau, etc.[1].


L’intention de Mallet avait été de s’entendre avec Linguet pour publier une seconde édition des Annales sur le continent, et c’est, en effet, d’une édition suisse qu’il s’occupait le plus activement ; mais ce ne fut pas la seule part qu’il eut à cette entreprise. L’économie politique occupait alors beaucoup l’opinion. Linguet confia à son collaborateur, plus instruit que lui dans cette matière, le soin de traiter la question, et Mallet s’en acquitta avec une solidité qui fut remarquée bien que l’honneur ne lui en revînt pas, car Linguet était seul sur la brèche, et en apparence rédacteur unique de son journal.

L’association des deux écrivains persista-t-elle jusqu’à l’incarcération de Linguet ? Je ne trouve aucun renseignement à cet égard dans les Mémoires publiés par M. Sayous. Suivant M. Peuchet, elle n’aurait pas été de longue durée. Linguet était d’un commerce difficile, d’une morale relâchée, cherchant

  1. Annales politiques, t. vii, p. 385.