Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trième ; mais, enchérissant sur les autres, celle-ci était d’une longueur telle, que monarque n’en avait jamais lu ni reçu de pareille. Il faut dire aussi qu’elle sortait tout à fait du ton d’une épître dédicatoire : on en va juger.


Sire,

Après un retard bien involontaire, j’apporte aux pieds de Votre Majesté la suite d’un ouvrage entrepris sous ses auspices. Il m’est surtout précieux par les occasions qu’il me fournit de manifester mon respect pour Votre Personne, ma soumission pour les lois, mon attachement pour ma patrie.

Je viens d’en traverser deux fois les plus belles provinces : le plaisir d’en respirer l’air a été mêlé d’une vive amertume. Elles ont été pour moi ce que fut pour la colombe sortie de l’arche la terre encore couverte des eaux du déluge. Le temps viendra sans doute, je n’en perdrai jamais l’espoir, où la justice fera germer le rameau d’olivier qui m’annoncera la cessation des orages.

Votre Majesté, d’un mot, vient de créer une multitude de nations nouvelles : leur titre à cette protection régénératrice, c’est l’oppression qu’elles ont essuyée. Ce que votre main toute puissante opère en faveur de ces étrangers, ne le fera-t-elle pas pour un sujet dont l’innocence ne peut pas être plus douteuse que la fidélité ?

Votre conseil, Sire, n’est occupé, depuis quelque temps, qu’à réformer les méprises des tribunaux qui exercent, au nom de Votre Majesté, les véritables, les plus saintes fonctions de la couronne · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

L’ombre de l’infortuné Lally, délivrée enfin du bâillon qui enchaîna si longtemps ses plaintes, a recouvré la voix pour demander vengeance. Il n’est, dans un état sagement régi, ni siége à l’abri des lois, ni particulier exclu de leur protection. Si Votre Majesté daigne réfléchir à ce que j’ai essuyé, elle verra qu’il y a