Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Copie d’une lettre du bureau des affaires étrangères au sieur Panckoucke, envoyée par lui à M. Linguet le 2 août 1776.
Réponse de Linguet au sieur Panckoucke.

Vous avez, Monsieur, surpris la sagesse et l’équité du Ministre. Ce n’est pas à lui qu’il est permis d’attribuer la lettre du bureau dont vous m’envoyez copie. Vous avez apparemment gagné quelques sous-ordres pour lui en imposer. Je fais passer cette pièce sous ses yeux, avec des observations marginales qu’il est digne d’entendre.

Je ne puis me dispenser, Monsieur, de vous témoigner mon mécontentement de la licence avec laquelle est écrit l’article de votre journal littéraire qui rend compte des discours de MM. de La Harpe et de Marmontel, à l’occasion de la réception du premier à l’Académie française.

Cet article a été approuvé par le censeur ; on ne peut donc pas appeler licence l’énergie qui peut s’y faire sentir. Il n’y a de licencieux que ce qui est fait en fraude des lois, ou contraire aux mœurs.

Cette compagnie y est traitée d’une manière scandaleuse,

Le Ministre est supplié de se faire lire cet article.

Et le récipiendaire avec un acharnement qu’on n’avait pas lieu de s’attendre à trouver dans une feuille où l’on a affiché, dans plusieurs occasions, le plus grand désir de parler des différents ouvrages avec impartialité, et des hommes avec modération.

Les Affiches de Province ont parlé du récipiendaire avec plus de force et moins d’égards. M. de La Harpe est bien respectable ; mais ses ouvrages le sont un peu moins. Il n’y a point de personnalités dans l’article. Depuis dix ans, M. de La Harpe en remplit son Mercure contre tous les gens de lettres et en particulier contre M. Linguet ; le Ministre est supplié de s’en faire rendre compte.