Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

accordait ce point-là, nous n’aurions pas besoin d’autres historiens ; mais, cela excepté, je ne trouve rien qui puisse servir davantage à instruire les jeunes gens à qui l’on veut donner une brillante éducation que la lecture d’une gazette bien écrite. Cela paraîtra un paradoxe à plusieurs ; mais que l’on en fasse l’essai, et je suis sûr que l’on reviendra à mon sentiment ; j’ajouterai même qu’il y a très-peu de gens qui soient capables de la lire comme il faut, et qui l’entendent dans toutes ses parties[1]. »

On en jugeait de même en Italie. « Les journaux politiques, écrivait l’abbé Bianchi au prince de Beaumont-Vintimille, dans une lettre reproduite des Novelle litterarie par l’Esprit des Journaux, sont de la plus grande utilité lorsqu’ils sont faits par des personnes de bon sens, bien instruites… Pour qu’ils produisent tous les effets qu’on peut en attendre, il faut que l’auteur possède les principales langues de l’Europe, les intérêts généraux des princes, l’économie politique des différents nations, leurs forces de terre et de mer, le nom et le caractère des ministres de toutes les cours, et la situation de chaque État, pour réfléchir avec connaissance de cause sur les projets nouveaux, sur les découvertes, les traités, les inventions, et sur toute sorte d’événe-

  1. C’est ce que pensait évidemment l’auteur d’un volume in-12, le Petit Dictionnaire du temps, pour l’intelligence des gazettes, que nous avons rencontré à la bibliothèque Sainte-Geneviève.