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terdis absolument rien : de toute manière je serai le Babillard mais le Babillard sans licence et sans amertume. »

« À l’imitation des Addison et des Steele dit Querlon, l’auteur du Babillard soumet tout à ses réflexions. Nos modes, nos caprices, nos usages, nos mœurs, notre caractère, nos spectacles, nos arts utiles et agréables, nos défauts, nos vertus, lui fournissent ou des sujets d’une critique vive et légère, ou des peintures animées. Il étend même ses regards sur la politique, et cette partie, qui n’est pas la moins bonne de l’ouvrage, suppose beaucoup de connaissances dans M. le chevalier de Rutlidge. Il paraît avoir un coup d’œil juste, et bien juger les événements. Ses idées, au moins, ne sont pas là-dessus versatiles, comme on peut le reprocher à certains auteurs, qui changent avec les circonstances, et qui après avoir fait de grands raisonnements et prodigué de belles paroles pour faire passer leurs fausses conjectures ou des aperçus extravagants, soutiennent le lendemain tout l’opposé. On ne doit pas être surpris que le Babillard soit diffus : il est de son essence de parler beaucoup ; mais, s’il profite de ses droits, il évite d’être fatigant, comme le sont la plupart des grands parleurs. »

Il paraissait du Babillard un cahier de deux feuilles tous les dix jours, à commencer du premier