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Pierre Rousseau. Journal encyclopédique.


Le Journal encyclopédique, établi à Liége, avec privilége exclusif, par une société de gens de lettres, visait, comme le Journal étranger, qu’il suivit de près, à l’universalité, mais dans un autre genre. Son objet était de rassembler, chaque quinzaine, tout ce qui se passait en Europe de plus intéressant dans les sciences et les arts ; il se proposait de devancer tous les autres journaux et de réunir par un choix heureux tout ce qu’ils pouvaient annoncer.

Cette feuille, dont la longue carrière fut marquée par de curieux incidents, eut pour fondateur Pierre Rousseau, de Toulouse[1], un des plus habiles et des plus heureux manufacturiers littéraires de cette époque. Venu de bonne heure chercher fortune à Paris, il y débuta par quelques pièces de théâtre qui eurent un certain succès. Il fut ensuite chargé de la rédaction des Affiches de Paris, et était en même temps agent ou correspondant littéraire de l’électeur Palatin. Ces doubles fonctions lui

  1. C’est lui-même qui, pour ne pas être confondu avec ses célèbres homonymes, se faisait appeler de Toulouse. Cette précaution, tout au moins inutile, donna lieu à l’épigramme suivante :

    Trois auteurs que Rousseau l’on nomme,
    Connus de Paris jusqu’à Rome,
    Sont différents, voici par où :
    Rousseau de Paris fut grand homme,
    Rousseau de Genève est un fou,
    Rousseau de Toulouse un atome.