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Ainsi tomba sur la brèche, le 10 mars 1776, à l’âge de 55 ans environ, cet intrépide joûteur, auquel on ne saurait, si prévenu que l’on soit, refuser quelques applaudissements. Il faudrait être aveugle pour ne pas reconnaître les services qu’il a rendus aux lettres en démasquant, en signalant, des écrivains médiocres, des novateurs dangereux, des réputations usurpées, en défendant les principes de la saine littérature, en se montrant l’ennemi du néologisme, du style emphatique, des dramaturges qui menaçaient de ramener vers la barbarie la scène ou brillaient Corneille, Molière et Racine. « On peut regarder l’auteur de l’Année littéraire, dit Meusnier de Querlon, comme le grand prévôt du Parnasse ; il est la terreur des écrivains. C’est un genre particulier, que le courage et la sévérité du censeur rendent nécessaire dans un temps où tout paraît se dénaturer, où la décadence du goût est si générale et si sensible. »

« Au nombre des travaux de Fréron, dit encore M. Jules Janin, il faut placer sa défense de l’ancien théâtre et sa constante admiration pour Corneille et pour Racine, et son opposition constante à cette larmoyante et fade comédie par laquelle on espérait remplacer la comédie de Molière. C’est Fréron qui le premier a trouvé la critique dramatique, comme il a trouvé le style de la critique littéraire. Fréron est le plus habile analyste de ce monde. Son coup-