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pression. Je saisis cette circonstance pour solliciter qu’on me permit de connaître mon approbateur et de lui adresser moi-même mes ouvrages ; ce qui me fut accordé.


C’est dans l’Année littéraire (1772, t. I, p. 3-10), en face de M. de Malesherbes et de l’officieux médiateur, avec l’autorisation du censeur, que Fréron raconte cette chose étrange ; il n’est donc pas possible de la révoquer en doute.

« Il y a deux réflexions à faire sur ce passage, dit M. Nisard, qu’on ne saurait accuser de partialité pour Fréron. La première est que, dans un siècle qui avait la prétention fondée de ne rien admettre sur parole, de tout examiner, de tout approfondir, de tout contrôler, la secte éminente investie de cette haute mission se soit méprise à ce point, qu’elle ait non seulement dénié à ceux dont elle combattait les préjugés le droit de se défendre eux-mêmes avec les mêmes armes, mais qu’elle ait employé, pour les réduire au silence, des moyens auxquels l’impuissance elle-même, poussée à bout, aurait eu honte de recourir. La seconde est qu’il se soit rencontré un homme qui, assez courageux pour n’être pas de l’avis de cette secte vindicative, et trop faible pour pouvoir se soustraire à ses persécuteurs, n’ait jamais permis à sa plainte de prendre le ton de l’invective, et qu’il ait, au contraire, montré une telle modération, une si grande simplicité, que l’innocence la plus pure et