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alors à la tête de la direction de la librairie un magistrat dont le nom est synonyme d’homme de bien ; nous voulons parler de M. de Malesherbes. Nous trouvons dans les Causeries de M. Sainte-Beuve, cet arsenal si riche et si charmant, sur l’administration de ce magistrat libéral, et notamment sur l’incident qui nous occupe, de précieux renseignements dont nous sommes heureux de pouvoir faire notre profit.

« C’est en 1750 que M. le chancelier de Lamoignon avait chargé son fils de diriger la librairie, qui était alors dans les attributions du chancelier. M. de Malesherbes était un homme éclairé, et selon les lumières modernes ; il aurait voulu la liberté de la presse, et croyait peu à l’efficacité de la censure, quand une fois l’opinion a pris son essor dans un certain sens. Et malgré tout le voilà placé à la tête de cette censure, et investi de la plus délicate des fonctions, en présence d’une littérature philosophique très-émancipée, dont il partage plus d’une doctrine, en face d’une opposition religieuse et réactionnaire très-irritée, qui a des appuis à la Cour auprès de la reine et du dauphin, en regard enfin du Parlement, qui a ses préjugés, ses prétentions, et qui voudrait, dans bien des cas, évoquer à lui le jugement des livres et des auteurs.

» L’office du directeur de la librairie consistait, quand un livre lui était soumis (et tous devaient l’être) à indiquer un censeur ; sur l’approbation de