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térairement parlant — ne furent pas précisément du côté du journaliste, et ceux qui prendront la peine de parcourir, dans le journal de Desfontaines, les articles qui furent certainement la cause de la guerre à mort que lui déclara Voltaire, seront forcés de convenir que ces démêlés, poussés jusqu’au scandale, eurent leur origine dans un sentiment de vanité mal entendue qui faisait que ce grand homme, avide de louanges au point de recevoir l’encens le plus grossier, ne supportait qu’avec une extrême impatience la censure la plus bénigne. Sans prétendre en aucune façon excuser les torts de Desfontaines, nous croyons pouvoir dire que ce qui l’a desservi surtout aux yeux de la postérité, c’est d’avoir osé voir et signaler les faiblesses d’un homme que le génie a sacré.

Quoi qu’il en soit, toutes les invectives de Voltaire et de ses partisans n’ont rien ôté au mérite de Desfontaines comme critique, et l’on ne saurait nier qu’il n’ait rendu par ses écrits de véritables services à la littérature. Ses ennemis les plus acharnés sont forcés de lui rendre justice. « On se tromperait, dit Delisle de Sales, si l’on croyait que ce fondateur du journalisme fut un homme sans mérite : il en avait, et de plus d’un genre, et surtout beaucoup plus que de petits Zoïles que le besoin de nuire avait fait ses prosélytes, et qui flétrirent sa mémoire quand il ne fut plus. Il était vraiment homme de lettres, et à ce