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Marville, que les auteurs eux-mêmes ne trouvassent leur ouvrage embelli sous ses mains. »

« Oh ! que cet homme-là devait être heureux en composant son Dictionnaire et ses Nouvelles de la République des Lettres ! s’écrie un penseur du xviiie siècle[1] Il passait d’objets en objets, et jugeait de tous avec liberté, supériorité et aisance. Son journal est le meilleur qui ait été et sera peut-être jamais fait ; tous les livres y sont extraits, jugés, approfondis, de main de maître. Si nous pouvons espérer d’avoir un pareil journal, ce doit être l’ouvrage d’une société bien composée, et dirigée par un protecteur éclairé. Qui l’établirait rendrait un grand service aux sciences et aux lettres. Il ramènerait tous les auteurs à la bonne voie, leur apprendrait comment il faut traiter des sujets que l’on manque la plupart du temps, et leur montrerait les défauts de leurs compositions aussi bien que de leur style. Je ne sais si nos académies seraient bonnes pour se charger de ce travail, chacune en leur genre. Une seule compagnie ne suffirait certainement pas. On trouvera peut-être quelque jour dans mes papiers un plan raisonné de cette réformation des journaux, et des réflexions sur l’utilité extrême dont ils pourraient être pour composer l’histoire des progrès de nos connaissances, la plus intéressante de toutes celles que l’on peut écrire. »

  1. Marquis d’Argenson, Mémoires, Bibliothèque Elzévirienne, t. v, p. 156.