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ciens avaient, touchant le front, un goût de beauté qui nous paraît assez extraordinaire, car ils trouvaient que les plus petits fronts étaient les plus beaux… Cela doit nous montrer que la beauté n’est qu’un jeu de notre imagination, qui change selon les pays et selon les siècles. »

Le purisme en littérature n’est guère plus son fait que le stoïcisme en morale. Cette liberté de langage et de composition qu’il réclamait pour lui-même, il l’accorde volontiers aux autres. La forme, le style, le plan, tout ce qui est d’art pur le préoccupe peu ; il pardonne aisément à l’écrivain ses incorrections, ses fautes de goût, ses invraisemblances ou ses longueurs, pourvu qu’il trouve dans son œuvre un quart-d’heure de régal et d’amusement. Amateur de curiosités, il préfère aux morceaux les plus pathétiques et les mieux écrits une anecdote amusante, un fait singulier et inconnu. L’annonce d’un phénomène merveilleux, d’une épingle trouvée dans l’urètre, ou d’une femme qui accouche d’un grand plat d’œufs, occupe autant de place que celle des oraisons funèbres de la reine-mère par Fléchier et de Condé par Bourdaloue. « Je suis, a-t-il écrit quelque part, un philosophe sans entêtement, et qui regarde Aristote, Épicure, Descartes, comme des inventeurs de conjectures que l’on suit ou que l’on quitte, selon que l’on veut chercher plutôt un tel qu’un tel amusement d’esprit. »