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La publication du Journal des Savants fut reprise par l’abbé Gallois le 4 janvier 1666. Il mit l’ouvrage sous la protection de Louis XIV par une épître dédicatoire dont il fit précéder le premier numéro. Cette épître est suivie d’un petit avertissement des plus pacifiques, où le nouveau rédacteur promet d’exercer son emploi avec une modération dont chacun aura lieu d’être satisfait. « Il y a quelques personnes, dit-il, qui se sont plaintes de la trop grande liberté qu’on se donnait dans le journal de juger de toutes sortes de livres. Et certainement il faut avouer que c’était entreprendre sur la liberté publique et exercer une espèce de tyrannie dans l’empire des lettres que de s’attribuer le droit de juger des ouvrages de tout le monde. Aussi est-on résolu de s’en abstenir à l’avenir, et, au lieu d’exercer sa critique, de s’attacher à bien lire les livres, pour en pouvoir rendre un compte plus exact qu’on n’a fait jusqu’à ce jour. » On voit combien la critique a marché depuis 1666.

On remarqua en effet dans les journaux de l’abbé Gallois plus de discussion et moins de critique que dans ceux de son prédécesseur. Cependant on voit que l’engagement qu’il avait pris de s’abstenir de juger les livres dont il ferait mention ne laissait pas souvent que de lui peser, et il ne le tint pas toujours ; si réservé qu’il fût, il lui échappa quelquefois de s’expliquer avec assez de liberté sur le mérite de