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Parmi les arguments de Renaudot en faveur de son Bureau, nous en citerons un seul, comme exemple de sa logique :


« Pour exemple, dit-il, je cherche à donner à ferme une terre, un autre cherche à prendre une terre à ferme ; faute de se s’entre-connaître il ne se passe point de bail : le seigneur direct en est plus mal payé de ses devoirs ; le propriétaire, incommodé ; le fermier demeure sans emploi ; le notaire ne passe point d’instrument ; le proxenète n’a point le pot-de-vin ; la terre n’est point du tout ou mal cultivée : conséquemment l’héritage en décadence, moins de fruits, moins d’occupation pour les hommes de labeur, et moins d’ouvrages et de manufactures pour toute sorte d’artisans servant au labourage, vêtement et nourriture de ceux que l’oisiveté appauvrissante empêche de pouvoir acheter, et possible encore moins de quoi s’exercer à ceux qui vivent des affaires d’autrui, lesquelles se multiplient par les négoces, comme elles se diminuent faute d’iceux. Car qui est-ce qui ne voit pas que plus il se passe d’affaires entre les particuliers, et plus les solliciteurs, les procureurs, les avocats, les juges, voire les plus éloignés de telles considérations, y trouvent néanmoins de quoi maintenir avec honneur la dignité de leur charge, qui sans cet emploi deviendrait un titre inutile et sans respect, vu la malice du siècle, qui n’estime que ceux qui lui sont nécessaires. »


On comprendra aisément, sans que nous ayons besoin d’insister davantage, quels services pouvait rendre, à cette époque, une pareille institution, si élémentaire qu’elle fût ; aussi l’utilité en fut-elle universellement appréciée, et les Bureaux d’adresse se multiplièrent rapidement, sous l’impulsion de leur fondateur, qui en fut nommé maître général[1].

  1. Une autre preuve de la vogue de cet établissement, c’est qu’on le mit en bal-