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grands était mieux instruit qu’eux. Et puis, dans la crainte d’attirer sur leur tête les foudres de la chambre étoilée, ils s’aventuraient rarement à parler des affaires intérieures ; les nouvellistes, au contraire, en faisaient le principal sujet de leurs lettres et non-seulement ils racontaient les faits, mais ils y joignaient des jugements, des appréciations, qu’ils n’eussent osé imprimer. Les Lettres de Nouvelles (News-Letters), comme on les appelait, étaient donc beaucoup plus intéressantes que le journal imprimé, et pendant un demi-siècle elles lui demeurèrent fort supérieures en circulation et en importance. Une feuille du temps, l’Evening-Post, s’étonne que bien des gens en province consentent à payer 3 et 4 livres par an (75 à 100 fr.) pour recevoir une correspondance, lorsqu’un bon journal leur coûterait beaucoup moins. Ce fut au point que plusieurs feuilles, pour faire concurrence aux nouvelles à la main, avaient imaginé de paraître avec deux pages imprimées et deux pages en blanc, afin qu’on pût se servir de son journal en guise de papier à lettres, et envoyer les nouvelles du jour à ses amis chaque fois qu’on leur écrivait. Ces journaux se vendaient 2 pences ou 20 centimes le numéro.

En France, ce qui surtout fit la fortune des nouvelles à la main, indépendamment des restrictions apportées à la liberté de la presse, ce fu leur