Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

        De ses chimériques apprêts.
        Sa folie étant sans seconde,
Il ôte, en sa pensée, et donne des emplois,
        Et croit que tous les rois du monde
        Devraient applaudir à ses choix.
Dernièrement, la nuit, il brûla trois chandelles,
        Des six à la livre, et des belles,
À compter par ses doigts, à la plume, aux jetons,
Combien le Grand-Seigneur a dedans son armée,
        Dont la Pologne est alarmée,
        De cavaliers et de piétons ;
        Puis, avec grande patience,
Il vit à quoi pouvait monter cette dépense,
Et, d’un si long travail las jusqu’au dernier point,
Se vint coucher ensuite, et ne me parla point.


Il lui faut des nouvelles à toute force ; au besoin il en invente, et les appuie de mille innocents subterfuges. Ainsi, souvent il s’écrit à lui-même pour faire croire à une nombreuse correspondance et donner plus de créance à ses inventions ; ou bien,


Si chez lui pour affaire il passe un demi-jour,
        Il bâtit d’abord une histoire,
Et tâche à ses pareils de faire aussitôt croire
        Qu’il vient d’arriver de la cour.


Le nouvellisme, qui d’abord n’avait été qu’une manie de curieux ou d’oisifs, devint un métier pour certains coureurs de nouvelles, qui se mettaient aux gages de quelque grand personnage, qu’ils avaient charge de tenir au courant des bruits de la ville. On avait un nouvelliste comme on avait un maître