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HISTORIQUE

vait tout ensemble secouer les intelligences, donner le désir de l’observation, et fournir aux esprits les plus paresseux une ample moisson de remarques. Aussi les chroniques abondent-elles dans ce siècle, et elles fourmillent des plus curieux détails. Dans le nombre, il en est qu’en raison de leur caractère, on pourrait appeler les chroniques bourgeoises, et qui intéressent plus particulièrement notre sujet tels sont : le Journal d’un bourgeois de Paris, 1409-1449 ; les Mémoires de Jacques du Clercq, 1448-1467 ; la Chronique scandaleuse, attribuée à Jean de Troyes, 1461-1483. Ce qui caractérise en général les chroniqueurs, c’est le développement de l’esprit communal, la préoccupation des choses de la vie journalière, le mélange constant des plus petits faits aux grands événements : ils font le commérage de l’histoire ; ils narrent les scandales, racontent la pluie et le beau temps, recherchent les anecdotes ; ils reflètent pour ainsi dire le foyer domestique de la patrie. Ce sont, en un mot, de véritables gazetiers, avec l’observation en plus, et la naïveté, et la bonhomie.

Les chroniqueurs bourgeois apportent à l’histoire, à l’histoire des mœurs surtout, un trésor de renseignements spéciaux, que l’on ne trouverait nulle part ailleurs ; ils donnent l’idée la plus complète de la vie dans la cité, de l’existence bourgeoise, de la politique, de l’activité turbulente des bonnes