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un grand et véritable progrès dans le nouveau programme ; et de fait le Mercure entra de ce moment dans une voie toute nouvelle, il prit un essor et une extension littéraires qu’il n’avait jamais eus. La direction de ce recueil devint un gros privilége et une excellente affaire ; si bien que le gouvernement, qui avait alors en fait de propriété littéraire des idées assez étranges, crut devoir s’en emparer, non pas à son profit cependant, mais dans l’intérêt des écrivains. Le directeur du Mercure, dont il se réservait la nomination, ne fut plus en quelque sorte qu’un fonctionnaire littéraire, ayant un traitement fixe, et rendant compte à l’État des bénéfices de la publication. Mais ces bénéfices n’entraient pas dans le trésor public ; ils étaient affectés au service de pensions accordées à des gens de lettres. Les ministres pouvaient ainsi se montrer généreux sans qu’il en coûtât rien à l’État. À la mort des titulaires de ces pensions, elles étaient transportées à d’autres écrivains ; et le plus souvent ces parties prenantes étaient absolument étrangères au Mercure. Cependant M. de Saint-Florentin, voulant, avec raison, faire tourner ces encouragements à l’avantage du recueil et lui assurer une valeur littéraire plus grande, avait décidé qu’il n’y aurait plus dorénavant de pensions données sur le Mercure qu’aux écrivains qui l’auraient enrichi de leurs productions ; mais nous doutons que cette prescription si