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de consolation : « Pauvreté n’est pas vice. — C’est bien pis, » répondit l’insouciant gazetier. On sait qu’endetté de 30 pistoles envers sa blanchisseuse, il l’épousa, pour s’acquitter. Au reste, il ne pouvait s’en prendre de sa pauvreté qu’à lui-même et à sa conduite déréglée. Bien vu de Louis XIV, dont il avait été valet de chambre dans sa jeunesse, rien ne lui eût été plus facile que de se créer une existence heureuse ; mais ses goûts dissipés ne lui permirent jamais de penser à l’avenir ; il n’avait pas plutôt un écu qu’il le dépensait, et Voltaire a dit avec raison :


Et Dufresny, plus sage et moins dissipateur,
Ne fût pas mort de faim, digne mort d’un auteur.


Avec un pareil caractère, Dufresny n’était pas homme à s’astreindre longtemps aux exigences d’un recueil périodique. Au mois de décembre 1713, il céda son privilége à Le Fèvre de Fontenay, en se réservant sur le Mercure une pension dont il jouit jusqu’à sa mort. Le Fèvre rédigea le Mercure de mai 1714 à octobre 1716. Un arrêt du Conseil, du 28 novembre de cette dernière année, lui fit défense de le continuer, « à cause qu’il se glissait dans le Mercure des choses scandaleuses, et même injurieuses à la réputation de plusieurs personnes. » Ce sont les termes de l’arrêt.

À Le Fèvre succéda l’abbé Buchet, qui reprit le Mercure en janvier 1717, après une interruption de deux mois, et le conduisit jusqu’au mois de